Si les préconisations officielles insistent fortement sur l'importance du jeu au Cycle 1, il semble prendre une place nettement moins volumineuse par la suite dans les programmes, n'étant plus évoqué que comme exemple d'activité. Or, le jeu (sous toutes ses formes) fait implicitement partie de tous les enseignements pour peu que la forme s'y prête : ainsi, l'expérience de science est-elle un moment de détente pour la classe, souvent les disciplines artistiques prennent une forme ludique ainsi que de nombreuses occurrences en mathématiques et en français (jeux de calcul, jeux de rôles ou de scène, constructions de formes ou de volumes...). D'après Antoine de la Garanderie - rapporté par Denizot (2013) le jeu assure également une forme de régulation qui libère l'enfant de la peur (de l'échec, de mal faire...) lui permettant ainsi un apprentissage plus serein et plus assuré.

Dans les programmes, l'usage du jeu au cycle 1 revêt plusieurs atouts : il favorise l'attention et mobilise les capacités motrices, il lui ouvre aussi les perspectives d'une symbolisation de son univers ; il permet d'articuler mondes réels et imaginaires, de construire ces derniers, d'expérimenter les lois qui les régissent avant de revenir dans la sphère sociale ou scolaire. Il permet également de créer du lien et de les hiérarchiser, de prendre en main leur gestion du temps là où le PE n'aura qu'une fonction de régulation et d'arbitrage – une fois les consignes données.

Il peut prendre toutes sortes de formes : construction ou manipulation, exploration, symbolique... En groupes, individuellement, jeux de société, à fabriquer... Il mobilise facilement tous les aspects abordés dans les activités de ce niveau, d'autant que, au-delà de la notion de plaisir, il est reconnu dans les documents officiels qu'il s'agit d'une forme d'apprentissage nécessaire à l'enfant (recommandations pédagogiques pour l’école primaire, 2019).

Dans le champs particulier de l'apprentissage des langues (étrangères, régionales...) le jeu engage les élèves dans des productions orales simples, puis éventuellement plus complexes en évoluant dans les cycles ; l’enfant, par son corps et par sa voix, par le rythme battu ou les gestes à accomplir, développe sa conscience de la notion du temps, du rythme, de la mélodie propres à une langue. Les différents jeux abordés auparavant permettent également une entrée dans l'activité tout en ouvrant des échanges et des interactions simples ou simplement codifiées avant de gagner en élaboration.

Dans le champ des jeux possibles à partager avec les enfants, le chant prend une place non négligeable : agir, comprendre, s’exprimer. C’est un mode ludique d’engagement dans une activité au cycle 1 (Le Moal et al., 2015) et un moteur d’apprentissage des plus efficaces dans les cycles suivants...